Puni pour un pipi au lit, Yanis, 5 ans, est mort d’un traumatisme crânien
Le garçonnet a été retrouvé gisant près d’un chemin de hallage d’un canal d’Aire-sur-la-Lys (Pas-de-Calais), non loin d’un cabanon où vivait son beau-père. Son beau-père et sa mère ont été mis en examen.
Qu’est-il arrivé à Yanis? Cet enfant de cinq ans a été retrouvé mort dans la nuit de dimanche à lundi, son corps gisant à proximité d’un canal, à Aire-sur-la-Lys (Pas-de-Calais). Sa mère et son beau-père ont été mis en examen ce mardi soir, à l’issue de leur garde à vue entamée lundi. Julien M. est poursuivi pour “crime et homicide volontaire sur mineur de moins de 15 ans” et “violences volontaires sur mineur de moins de 15 ans par une personne ayant autorité”. Il risque la réclusion à perpétuité. Emilie I., la mère, est pour sa part poursuivie pour “abstention volontaire d’empêcher un crime ou un délit” et risque 5 ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende. L’Express fait le point.
Que s’est-il passé?
C’est le beau-père de Yanis qui a donné l’alerte dans la nuit de dimanche à lundi, après avoir découvert l’enfant “inconscient”, selon les gendarmes de Saint-Omer. Il avait expliqué aux secours “qu’il était sujet à des crises d’énurésie [le fait d’uriner au lit] (…) et que suite à un nouvel épisode d’énurésie, il l’aurait sanctionné en lui demandant d’aller dehors et lui aurait ordonné de faire des tours (…) en courant”.
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Vers 2h30 du matin, les pompiers retrouvent son corps sans vie, “vêtu d’une simple culotte humide”, précise le procureur de Saint-Omer, Patrick Leleu. Le garçon se trouve près d’un chemin de hallage d’un canal à Aire-sur-la-Lys, à une dizaine de minutes en voiture de cette commune de quelque 10 000 habitants, située à 20 km au sud de Saint-Omer. C’est dans ce secteur que vit le beau-père, dans un cabanon situé à 200 m du canal, la mère habitant en centre-ville. Le couple y vient régulièrement le week-end.
De quoi est mort l’enfant?
Les circonstances du décès laissent à penser qu’il s’agissait bien d’une “sanction-punition, consistant à faire courir l’enfant dehors, en pleine nuit, parce qu’il avait uriné au lit”, a confirmé Patrick Leleu. L’enfant a ainsi “été contraint de courir sur une distance de plusieurs kilomètres le long du canal La Lys” et il a chuté “à deux reprises au moins”, a précisé le parquet.
La mort de l’enfant serait imputable, comme l’avait révélé une première autopsie pratiquée lundi après-midi, à un traumatisme crânien dû à des violences volontaires. “Ce décès par traumatisme crânien, avec la présence d’hématomes sous-duraux, serait consécutif à plusieurs impacts qui seraient des coups de lampe-torche” infligés par le père. Sous la violence, la lampe-torche se serait cassée, a expliqué ce mardi soir lors d’une conférence de presse le procureur de Boulogne-sur-Mer qui s’est saisi de l’enquête, Pascal Marconville.
Qui était la victime?
Le garçonnet de cinq ans, qui vivait avec sa mère depuis quelques mois dans un HLM en brique propret, était scolarisé à l’école maternelle du Centre.
“Mon fils jouait tout le temps avec lui”, a confié à L’Avenir de l’Artois une mère de famille, sous le choc. Les parents des enfants scolarisés dans cet établissement ont été reçus par l’Inspecteur d’académie, qui leur a annoncé l’ouverture d’une cellule psychologique.
Qui sont les deux personnes placées en garde à vue?
La mère de Yanis, âgée de 23 ans, et son compagnon, 30 ans, ont été placés en garde des vue des chefs de “violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner”. Au vu des résultats de l’autopsie, les faits reprochés aux mis en cause ont été requalifiés en “homicide volontaire sur mineur de quinze ans”.
Tous les deux sans profession, ils formaient un couple depuis août 2015, mais vivaient séparément. Ils se retrouvaient essentiellement au cabanon isolé et en mauvais état où vivait le beau-père, un survivialiste. Selon le parquet, cité par France 3 Hauts-de-France, le beau-père de Yanis n’aurait pas pris conscience de la gravité de son acte de la veille, et de la disproportion de la punition infligée à l’enfant. La mère, quant à elle, n’aurait pas pris part à cette punition, mais elle n’aurait vraisemblablement rien fait pour l’empêcher.