Témoignage
“Nous avons connu dernièrement le cas d’un conjoint qui, en réponse aux multiples coups que lui portait son épouse presque quotidiennement, lui a un jour asséné un unique mais violent coup de poing à l’œil alors qu’il se trouvait une nouvelle fois accablé de coups dans leur cuisine.
Malheureusement, ce coup a eu de lourdes conséquences puisqu’il a entraîné pour elle plusieurs opérations de la cornée, sans toutefois provoquer d’invalidité, mais cependant une ITT très importante, et incomparable à celle obtenue par le mari.
Le procès correctionnel fut expéditif et entraîna une condamnation sévère à l’encontre du mari, et aucune pour son épouse, qui n’a même pas été reconnue auteur d’une faute civile ayant partiellement entraîné la faute pénale de son époux.
Ici encore, l’écart entre les ITT respectives a semble t’il justifié la culpabilité exclusive de l’auteur de la plus forte ITT, sans même que le juge se donne la peine de déterminer les responsabilités respectives en s’aidant des autres éléments entourant le contexte de commission des faits.
L’élément indicatif que constitue l’ITT tend ainsi à prendre une place infondée au sein de la culture judiciaire française, en ajoutant à l’évaluation et à la réparation du dommage, la désignation du coupable et de la victime.
Si les juridictions pénales n’y prennent pas garde, cela pourrait entraîner un glissement malheureux vers une justice pénale jugeant des faits sous le prisme de leurs conséquences dommageables.