Une mère incestueuse à l’ombre pour sept ans
La Direction de protection de la jeunesse (DPJ) est intervenue dans cette famille de Québec en 2023 pour des motifs de négligence. Les deux enfants de 6 et 5 ans ont alors été placés dans une famille d’accueil durant l’été.
«Lors de leur arrivée en famille d’accueil, les victimes ont des comportements sexuellement explicites et tiennent des propos à connotation sexuelle», exprime la procureure de la poursuite Me Anne-Frédérique Coulombe, dans un résumé conjoint des faits déposé à la cour.
En plus des propos déplacés, le frère et la sœur s’embrassent avec la langue constamment. Ils ne peuvent pas être assis l’un près de l’autre sans se toucher de manière inappropriée.
Au mois d’août, les parents d’accueil surprennent les enfants ensemble, ils sont nus et tentent d’avoir une relation sexuelle.
«Ils sont séparés à ce moment par les parents de la famille d’accueil et c’est à ce moment que des verbalisations débutent», souligne Me Coulombe.
Propos troublants
Tranquillement, les deux enfants se confient à leurs parents d’accueil. Les verbalisations sont troublantes.
Le garçon raconte que ses parents font l’amour dans le lit avec lui. Il connaît très bien la définition de «faire l’amour», «baiser» et «sucer». L’enfant de cinq ans admet aussi que ce n’est pas la première fois qu’il fait des gestes sexuels avec sa sœur.
La fillette, l’aînée, a le même discours. «Chez les parents, on fait l’amour avec les parents.»
Le Soleil a choisi de ne pas transcrire les propos exacts des enfants, étant donné la nature déconcertante des gestes posés.
À la suite des révélations des enfants, une enquête policière est déclenchée. Les enfants sont rencontrés en interrogatoire vidéo à deux reprises par le Service de police de la ville de Québec. Chaque fois, ils refusent de parler. Ils veulent rentrer à la maison.
Les confidences aux parents servent donc de preuves dans cette affaire.
Arrestation et aveux
La mère des enfants et son conjoint sont ensuite localisés, puis arrêtés.
En interrogatoire, la mère fait quelques aveux. «Les enfants disent la vérité, ils sont intelligents.»
L’accusée mentionne qu’elle dormait sur un matelas dans le salon avec son conjoint. À plusieurs reprises, ils avaient des relations sexuelles à cet endroit pendant que les enfants étaient présents.
Elle avoue se retrouver souvent les seins nus, pendant que les enfants écoutent la télévision. Son conjoint peut «manger» ses seins à ce moment, en plus de lui insérer des doigts dans le vagin.
La mère reconnaît aussi qu’à une occasion, pendant l’acte sexuel, son conjoint lui a dit: «tu devrais montrer tes beaux talents à ton gars». À quatre ans, son fils avait donc participé à une relation complète avec sa mère.
La peine
Cette femme — nous devons taire son identité pour protéger celle des victimes — est coupable d’inceste, de contacts sexuels, d’incitation à des contacts sexuels, de corruption d’enfants et d’exhibitionniste. La période d’infraction est fixée de novembre 2021 à mai 2023.
Elle a été condamnée lundi, au palais de justice de Québec.
Les gestes commis sont d’une gravité notable. Les deux victimes étaient en très bas âge et les gestes ont indéniablement affecté leur développement.
«Les victimes présentent d’importantes conséquences au niveau de l’évolution de leur développement et au niveau comportemental, particulièrement [le garçon], qui persistent encore à ce jour», précise Me Coulombe.
Les infractions ont été commises par la personne en qui ils ont le plus confiance, leur mère, ce qui représente un facteur aggravant important.
Après plusieurs discussions, les parties ont choisi de proposer une peine de 82 mois à la juge Réna Émond. La reconnaissance de culpabilité a un poids énorme dans ce dossier, comme elle évite aux enfants de subir un procès.
Le conjoint, aussi accusé dans cette affaire, n’est pas le père des enfants. Il est toutefois dans le décor depuis leur naissance.
L’homme de 25 ans partage les mêmes accusations que la mère, sauf l’inceste. Il est aussi accusé de voies de fait sur les deux enfants, entre 2017 et 2023.
On lui reproche aussi d’avoir amené son enfant, étant son tuteur, à commettre des actes sexuels interdits avec un tiers. Ce chef est déposé à l’endroit du jeune garçon.
Il doit subir son enquête préliminaire cette semaine, en vue d’un procès.
Des conditions
Maintenant coupable et condamnée, la mère a plusieurs conditions à respecter.
Elle figurera au registre des délinquants sexuels pour 20 ans et ne pourra pas fréquenter des lieux publics destinés aux mineurs ni occuper un emploi qui la place en autorité auprès d’eux.
Pendant sa détention, elle ne pourra pas non plus communiquer avec son conjoint.
La défense, menée par Me Marie-Maxime Tremblay, s’est opposée à cette condition. Elle souhaitait que sa cliente puisse communiquer «par écrit» avec le coaccusé.
La juge Émond s’est fortement opposée à cette demande.
«Je ne pense pas que ce soit approprié en l’absence d’une preuve [avis d’expert] qui me permet de croire que c’est sain. Pour l’instant, pour moi, tout ça est malsain.»
La relation des accusés a été qualifiée de «très inquiétante» par le tribunal. «Il y a un trait de personnalité dépendant qui me dérange», souligne la juge.
En fin d’audience, la femme s’est exprimée devant le tribunal pour exprimer des remords. «Je regrette», a-t-elle soufflé entre deux sanglots.https://www.lequotidien.com/actualites/justice-et-faits-divers/2025/03/17/une-mere-incestueuse-a-lombre-pour-sept-ans-NFPDDUA3WRECXFJPJCQZZXQERU/