Rapport de la Commission cantonale de l’égalité – 2012
2012 – Rapport de la Commission cantonale de l’égalité Par Eva Wyss – Berne – « La violence contre les hommes présente de multiples aspects. Tout homme se retrouve à un moment ou à un autre dans la peau de la victime: échecs, humiliations ou affronts sont des expériences quotidiennes imposées le plus souvent par d’autres hommes. Mais les mères, les institutrices ou les compagnes peuvent aussi faire des garçons et des hommes des victimes. Ce phénomène intervient pendant les phases successives de socialisation au sein de la cellule familiale, de l’école, des cercles de camarades, des clubs de sport, du milieu professionnel, de l’armée, du couple. Les garçons et les hommes sont aussi exposés à l’exploitation sexuelle. Or, l’homme est conditionné pour résister à la douleur: il doit apprendre à cacher ses blessures et ses souffrances (Lenz 2001). » « Pour Elisabeth Badinter, le sujet de la violence féminine est douloureux aux féministes parce que cette réalité entache la cause des femmes ainsi que la nécessaire dénonciation de la violence sur les femmes. Il faut selon elle rompre avec l’image de la femme impuissante qui appelle protection et lui substituer celle de membre autonome de la société qui revendique l’égalité avec l’homme. Il faut renoncer à cette démarche victimiste qui souligne sans cesse l’image de la femme opprimée et sans défense contre l’oppresseur héréditaire » . « Comment expliquer que le phénomène de la violence sexuelle féminine est ignoré et que les victimes ne bénéficient par conséquent que de peu de soutien? – La violence sexuelle n’est pas perçue ni dénommée comme telle. Elle est minimisée. – Elle relève «du bizarre et du désagréable» car elle est inclassable et innommable. – Les victimes et les auteures gardent longtemps le silence. Il est impossible et interdit d’appréhender les actes, d’y penser, de s’en souvenir, d’en parler et de les modifier (Gerber 2001: 92). »