L’homme battu : impensé car impensable social.
L’homme battu, un tabou au cœur du tabou – Sophie Torrent – 2002
Pour la majorité des gens, parler d’hommes battus est incroyable. Pourtant, la triste réalité est qu’il existe des hommes battus. Sauf que ceux-ci n’en parlent pas et qu’ils ne peuvent, contrairement aux femmes, compter sur des ressources communautaires pour les aider à sortir du cycle infernal de la violence conjugale.
Pour la première fois, une femme, Sophie Torrent, fait de l’homme battu par sa conjointe le sujet d’un livre. En se basant sur le témoignage d’hommes reconnus violentés, elle pénètre au cœur de la dynamique relationnelle sise au sein de la sphère conjugale. Elle définit ce qu’est un homme battu par sa conjointe et en quoi la violence féminine diffère de la violence masculine.
http://optionsante.com/livres.php?livre=11
L’homme battu : impensé car impensable social
“Reconnaître l’existence d’une violence féminine n’est en rien minimiser l’importance de la violence masculine et l’urgence de la contenir tout en venant en aide à ses victimes “.
Elisabeth Badinter (Fausse route, Paris, Odile Jacob, 2003, p.113)
Dans les années 70, le mythe de la famille non-violente s’effondre. Les mouvements féministes anglo-saxons portent la question de la violence conjugale sur la scène publique. Des foyers pour femmes battues sont ouverts. En 1997, une campagne suisse, intitulée ” Halte à la violence contre les femmes dans le couple ” recense qu’une femme sur cinq a subi de la violence physique ou sexuelle dans sa vie de couple et deux femmes sur cinq ont connu de la violence psychologique. Combien d’hommes ont été violentés physiquement par leur conjointe ? Nul homme n’est interrogé. Faute de questions, pas de réponses et le silence total entretenu sur le phénomène rend encore plus difficile la plainte des hommes battus. L’homme battu est une réalité impensée car impensable selon les représentations actuelles de la société.
Dans le cadre d’études en travail social et politiques sociales à l’université de Fribourg, Sophie Torrent perce ce tabou. Elle mène une recherche qualitative fondée sur le récit de vie de sept hommes battus. Voici les fruits de cette exploration publiée en 2001 aux Editions Options santé sous le titre L’homme battu, un tabou au cœur du tabou.
L’arme privilégiée, les violences psychologiques
Six des sept hommes interviewés ont été violentés physiquement. Ils ont reçu des chaises au visage, des coups de ciseaux dans le ventre, des coups de couteaux, notamment dans les yeux. Cependant, plus encore que la violence physique, c’est la violence psychologique qui ” tue ” l’homme.
” La violence psychologique, c’est pire que la violence physique… ça harcèle, c’est incessant et ça use. ” (Pascal)
La femme frappe avant tout psychologiquement, usant d’une large palette de comportements subtils et sournois. Alors que l’homme a besoin d’être admiré dans ses actes, sa conjointe l’insulte, le dénigre dans ce qu’il est et dans ce qu’il fait, jusque dans sa manière d’exercer sa profession.
” Elle me dévalorise, ne cesse de me traiter de nul. Tout ce que j’ai fait c’est de la merde. Mon travail, c’est de la merde. Je ne l’ai jamais entendu dire une seule chose positive. ” (Jacques)
Elle blesse son conjoint par des refus, notamment le refus de tout contact corporel.
” Le plus grand drame pour un mari, c’est de se voir refuser de faire l’amour, ça elle le faisait souvent. ” (Tom)
Elle le contrôle, veut tout savoir de son ” emploi du temps ” et l’isole progressivement de son entourage.
” Quand je rentrais le soir, elle me faisait les poches. C’était le contrôle total. Je n’ai jamais pu ouvrir une lettre de mon courrier.” (Dave)
Ces agressions envers l’homme servent une fin commune : attaquer et démolir l’homme dans les rôles qu’il tient en société.
http://la-cause-des-hommes.com/spip.php?article208