Force intérieure
Accepter ce qui est
Maman, j’ai dépensé tellement d’énergie, versé tant de larmes, vécu tant de désordres émotionnels en tout genre, risqué tellement de fois de perdre ce qui faisait de moi un être unique, perdre mon âme, ou pire ce que j’avais de plus précieux… qu’aujourd’hui, je témoigne par cette lettre, que j’ai coupé définitivement le lien qui me liait à toi. J’ai passé la moitié de mon existence à essayer de me faire aimer de toi, malgré le secret qui nous liait, je veux dire de cet amour tendre d’une mère pour une fille, un amour qui berce dans la douce mélodie de la vie, un amour qui se fait tout petit parfois pour laisser grandir l’autre, lui laisser exprimer ses singularités, un amour qui grandit avec les années. Je t’aimais comme une petite fille, une adolescente aime sa Maman, dans toute la pureté et la beauté de ce lien plus fort que tout. Quel rôle as tu joué Papa, je ne sais pas dire qui tu étais et qui tu es vraiment ? Vous êtes comme des inconnus, des fantômes…
Impossible de décrire le choc, le tsunami qui vous inonde en plein cœur, qui vous fait perdre tous repères affectifs, spatiaux, temporels, vous avez le sentiment que c’est impossible, impensable, que vous êtes en train de devenir folle. Après un an de thérapie pour syndrome dépressif, plus ou moins présents depuis la petite enfance, et suite à des souvenirs d’attouchements maternels vieux de plus de 40 ans, un flash lié à la libération de la mémoire traumatique atroce m’est apparu, celui d’un viol commis par un homme en lien avec ma propre mère, viol avec sa participation. Souvenir inconcevable, indicible, mais tellement vrai dans mon âme, ma chair, gravé dans la plus infime de mes cellules. Une vérité si douloureuse à porter, malgré ma thérapie, un accompagnement constant de ma famille de cœur, de ma meilleure amie, de plusieurs professionnels bio énergéticiens pour réparer le corps, rassembler les fragments de mon cœur, qu’elle m’a donné l’impression de mourir une seconde fois. Mourir avant de comprendre que la vie est plus forte que tout, que la perversion n’arrive pas à atteindre et éteindre la partie lumineuse, l’être profond qui nous habite. J’ai inlassablement cherché des réponses à mes questionnements, à travers la généalogie, oui, nos ancêtres nous transmettent ce type de traumatisme, j’en ai eu la preuve avec la création de mon génogramme qui par des synchronicités de prénoms, d’états, d’événements, est la preuve vivante de ces abus passés. Avoir la force de descendre dans la partie la plus sombre de nous même, et y croiser la haine, la colère, la souffrance, pour se de-identifier d’elles, et retrouver notre vraie vocation d’Homme : nous ne sommes pas fait pour la violence, nous sommes en voie d’accomplissement pour devenir des belles personnes, bienveillantes, aimantes. Nous avons le choix de nous transformer, ou de nous laisser emmurer dans nos héritages mortifères, dans les emprises et les conditionnements divers qui nous éloignent de notre vraie nature. C’est cette croyance qui m’a sauvé la vie, et qui me permet aujourd’hui d’avoir confiance en elle, et en mes semblables que je n’ai jamais cessés d’aimer.